10 questions à Annette Stolz : 1 an à la direction générale de la Ligue suisse contre le rhumatisme

lire
Annette Stolz in einer Besprechung 2025

Depuis un an, Annette Stolz dirige la Ligue suisse contre le rhumatisme. Dans cet entretien, elle raconte les surprises qu’elle a rencontrées, pourquoi le courage signifie parfois dire « non » et pourquoi il lui tient tant à cœur que les personnes soient perçues non pas par leur maladie, mais à travers leur personnalité.

Ligue suisse contre le rhumatisme :
Qu’est-ce qui t’a traversé l’esprit lors de ton premier jour de travail au printemps dernier à la Ligue suisse contre le rhumatisme ?

Annette Stolz : Comme je me connais, j’ai pensé à ce qui devait être mon objectif de la journée. C’est généralement ce à quoi je réfléchis en marchant de la gare centrale jusqu’au bureau de la Josefstrasse. Je me souviens avoir ressenti une grande responsabilité envers l’ensemble de l’organisation : le comité, l’équipe, les organisations membres et les personnes concernées à travers la Suisse. C’est toujours le cas aujourd’hui. Je donne tout pour que nous puissions, ensemble, obtenir le meilleur pour les deux millions de personnes atteintes de rhumatisme en Suisse et leur donner un véritable élan dans la gestion de leur maladie.

Ligue suisse contre le rhumatisme :
Quel a été, au cours de cette première année, le moment le plus surprenant – quelque chose auquel tu ne t’attendais pas ?

Annette Stolz : Tout et rien ne me surprend en même temps. En tant que directrice générale, des sujets qui dépassent le cadre habituel arrivent sur mon bureau. C’est en quelque sorte ma tâche principale de saisir l’imprévu et de voir ce que nous en faisons en tant qu’organisation. Avec le temps, on développe une certaine routine face aux surprises. En même temps, je suis naturellement très curieuse et intéressée, et je veux absolument préserver cela. Quand on cesse de voir l’inattendu chez les gens ou dans les situations, c’est qu’il est temps de prendre des vacances (rires).

Ligue suisse contre le rhumatisme :
Comment as-tu pu, avec l’équipe, faire évoluer la Ligue vers l’avenir – par exemple en matière de numérisation, de nouveaux moyens de communication ou d’offres innovantes ?

Annette Stolz : Nous avons beaucoup travaillé en arrière-plan sur les bases durables de l’organisation. Nous sommes en plein déploiement de la stratégie numérique. Il s’agit de construire une structure de données unifiée, des processus intégrés et une présence externe conviviale, et nous nous réjouissons de voir les fruits de ce travail se manifester de plus en plus.

Nous voulons être vus pour ce que nous sommes, et non pour la maladie chronique avec laquelle nous vivons (peut-être).
Annette Stolz

Ligue suisse contre le rhumatisme :
Y a-t-il eu un moment où tu as particulièrement ressenti : quelque chose de fort est en train de naître ?

Annette Stolz : Dans les échanges avec le comité, l’équipe et les organisations membres, notamment au printemps de cette année, j’en ai pris particulièrement conscience. Cela a libéré encore beaucoup d’énergie positive.

Annette Stolz im Volkshaus

Ligue suisse contre le rhumatisme :
Main sur le cœur : y a-t-il quelque chose que tu t’étais imaginée autrement lors de cette première année de mandat ?

Annette Stolz : J’étais partie de l’idée qu’il s’agirait davantage d’administration que de conception. Cela vient de la grande estime que je porte à tout ce que la Ligue avait accompli avant mon arrivée. Je trouve inutile de changer les choses pour le simple plaisir de changer. Mais lorsqu’après 20 ans, il y a un changement dans la direction générale, beaucoup de choses évoluent automatiquement et demandent à être façonnées. Et c’est bien ainsi, c’est sain pour une organisation.

Ligue suisse contre le rhumatisme :
Le rhumatisme est souvent perçu comme un problème de personnes âgées – comment la Ligue peut-elle élargir cette image et rendre plus visibles la réalité de nombreux jeunes concernés ?

Annette Stolz : Le rhumatisme est un terme qui décrit des maladies chroniques. Les personnes touchées ressentent des douleurs, perdent en mobilité et en force. On ne peut pas enjoliver cela. Personne n’aime s’identifier à une maladie – ni jeune, ni âgé.

Nous voulons être vus pour ce que nous sommes, et non pour la maladie chronique que nous avons peut-être. C’est pourquoi les portraits authentiques de personnes touchées de tout âge nous tiennent tant à cœur. Nous donnons une voix à la personne dans son intégralité. Les personnes racontent leurs limitations, mais aussi leur courage et leur joie de vivre.

En Suisse, 1 enfant sur 1000 souffre de rhumatisme. Pour sensibiliser l’entourage – parents, enseignants, camarades de classe – nous agissons de manière ciblée. Chaque année, nous organisons une journée familiale et nous rendons visite aux écoles de certains enfants concernés. Ainsi, nous soutenons concrètement les enfants atteints de rhumatisme dans leur quotidien.

Ligue suisse contre le rhumatisme :
Quelle a été ta décision la plus courageuse de l’année dernière – et qu’est-ce qu’elle t’a appris sur toi ou sur l’organisation ?

Annette Stolz : Chaque « non » demande du courage. Et il est important d’avoir ce courage. Car c’est seulement ainsi qu’un chemin clair peut émerger et que je peux m’assurer que les ressources sont utilisées là où elles sont les plus utiles.

Ligue suisse contre le rhumatisme :
Les valeurs de la Ligue – compétence, solidarité et innovation – t’accompagnent au quotidien. Quelles idées ou coopérations veux-tu promouvoir à l’avenir dans ce sens ?

Annette Stolz : La Ligue est en contact étroit avec les personnes touchées et les professionnels. Nous savons où ça fait mal et nous répondons avec des offres qui comblent concrètement les lacunes. Nous anticipons, avons le courage d’essayer de nouvelles choses et souhaitons impliquer encore davantage nos partenaires pour créer ensemble un impact plus fort.

Concrètement, nous préparons le lancement de l’évaluation et du conseil à domicile contre les chutes pour les seniors. Un tiers des adultes de plus de 65 ans chute au moins une fois par an. Souvent, c’est le début de la fin. Ici, nous pouvons nous appuyer sur notre expérience de plus de 6000 visites à domicile et accomplir de grandes choses. À partir de mi-2026, cette prestation sera prise en charge par l’assurance de base, entre autres grâce au concept de la Ligue. Nous nous engageons à créer une réelle plus-value pour les seniors et leur entourage.

Tout récemment, nous avons commencé à réfléchir au transfert de tâches dans les soins de base et aux conseils numériques pour renforcer l’autogestion des maladies chroniques, comme le rhumatisme. Initialement, nous comptions sur les assistantes médicales pour assurer des consultations, afin de décharger les médecins. Cela montre l’efficacité souhaitée, mais ne résout pas le manque de personnel qualifié. C’est pourquoi nous souhaitons développer une solution numérique facilement accessible et donc plus efficace.

Ligue suisse contre le rhumatisme :
Y a-t-il eu des témoignages de personnes concernées, de collaborateurs ou de partenaires qui t’ont particulièrement touchée ou fait réfléchir ?

Annette Stolz : Chaque conversation avec une personne touchée me touche, tout comme les échanges avec les médecins et autres professionnels qui travaillent quotidiennement avec elles. Ce qui me préoccupe particulièrement, c’est la question suivante : comment faire en sorte que de bonnes idées atteignent partout où elles sont nécessaires ? Il existe beaucoup de projets pilotes remarquables dans le système de santé, mais souvent, ils restent limités à certains lieux ou groupes. Notre système est très fragmenté. Pour que les solutions aient un réel impact, il faut des personnes et des organisations qui créent des liens – entre professions, régions et secteurs.

Ligue suisse contre le rhumatisme :
Que souhaites-tu qu’on dise, dans cinq ans, sur les personnes atteintes de rhumatisme et sur la Ligue ?

Annette Stolz : Sur les personnes atteintes : avec beaucoup de chaleur et en mettant l’accent sur la personne, et non sur la maladie.
Sur la Ligue : avec respect et avec la certitude que nous sommes une force fiable dans la prise en charge du rhumatisme.